Ma lumière

Un soir, j’ai traîné dehors jusqu’au crépuscule, puis je suis rentrée chez nous pour me réchauffer. En passant à travers la ville, je me suis arrêtée pour prendre un déjeuner pour le lendemain. J’avais dans la tête encore les échos des rues quand je suis rentrée, et j’ai oublié de te saluer, mon ami.

Je me suis couchée le regard ancré dans un désert aride et j’ai dormi le pied perdu dans le vide. Au matin de bonne heure, j’ai eu envie de te dire bonjour, mais j’ai vite oublié, parce que je suis sortie courir comme une folle après les bêtes qui se partageaient mon déjeuner – que j’avais laissé sur le pas de la porte le soir d’avant. J’ai crié à l’aide avant de tomber.

Je suis restée dans la nuit depuis ce jour. Pardonne-moi mon ami, à présent que je suis aveugle, tu es là tout près, et je vois plus clair grâce à toi. Sans jamais t’arrêter, tu m’as guérie ; et je ne fais que commencer à percevoir et à apprécier le bien que tu me fais. Pardonne-moi mon ami ! Je suis bénie d’être plus dépendante, sinon jamais je n’aurais pu t’aimer comme tu le mérites.

Ce pain que je ne vois pas me nourrit et je me sens si bien. Cette eau que je peux boire me rafraîchit jusqu’au cœur. Je sens mon sang qui reprend vie et mes idées qui s’éclaircissent enfin – comme un miracle !

Chaque matin, tu prends mon bras et descend avec moi au bas de la rivière, vers l’Est où le soleil se lève ; et sur ma peau, la chaleur du matin me fait du bien. La lumière agit sur mon cœur et je n’ai plus l’impression de marcher ni de vivre dans la noirceur. Merci beaucoup !

Pardonne-moi ce jour où j’ai laissé de côté ton affection pour m’inquiéter des bruits de la ville. Malheureusement, dans tes bras, j’ai continué de m’inquiéter. Pardonne-moi tous les jours d’oubli qui ont suivi. Comme une avalanche détruit les maisons, j’ai laissé la nôtre ensevelie sous d’épaisses neiges. Oh pardonne-moi !

Aujourd’hui que je dépends de toi complètement, sans te voir, ton visage me manque et ta main m’est si chère. Chante avec moi encore jusqu’au matin. Nous pourrions marcher le long de cette rivière et prendre un bain de soleil. C’est au levé du jour qu’on sent vraiment l’influence du soleil sur la peau qui vient dans le sang réchauffer le cœur. Marche encore avec moi jusqu’au matin. J’aime tellement marcher en ta compagnie, mon ami. Ta compagnie pour moi est comme mille rayons de ce soleil. Je n’ai jamais oublié la chaleur de ta présence à mes côtés, parce que tu ne m’as jamais quittée.

Reste avec moi encore et nous irons dormir tous les deux dans notre chambre, en espérant y demeurer ensemble pour toujours.

*****
Écrit par Enrico J. Lévesque le 15 mai 2020
|