Tu me regardes
sur mon radeau,
avec un air bizarre…
Et tu t’inquiètes :
« Va-t-il vraiment tenir ?
Va-t-il nous ramener à bon port ?
Va-t-il se rendre jusqu’au bout,
sur son radeau ? »
Et moi, je te dis :
Y crois-tu, à ce fleuve
qui court
jusqu’au centre de nous deux ?
Et j’essaie toujours
de te convaincre de rester.
Me fais-tu assez confiance
assez longtemps
pour qu’on ne fasse plus qu’un :
nos deux eaux qui s’écoulent
dans le même océan ?
Vas-tu résister
quand elle reviendra,
la tempête,
dans laquelle on se perd —
naufragés sur une île,
avec plus rien à croire ?
Il est où, le trésor
qu’on nous avait raconté ?
J’ai échoué
mon navire
sur la rive de ton pays —
étranger
dans une terre inconnue.
Mais j’ai réussi
à reconstruire un radeau,
avec les morceaux de l’épave
de nos rêves d’antan.
Me fais-tu assez confiance
maintenant
pour embarquer avec moi ?
Veux-tu encore naviguer ?