j’ai tout préparé
tout y est
j’ai tout décoré
les murs, les tableaux, les visages
tout a été remodelé
exactement comme il le faut
rien n’a été laissé de côté
tout peut maintenant être joué
vraiment, je n’ai rien oublié…
enfin, je pense bien
— Que le spectacle commence !
mais voilà que
malencontreusement
le jeu des acteurs ne correspond pas
j’avais tout organisé pour une tragédie
mais rien ne va plus :
c’est la comédie !
le jeu s’échappe au décor
tout ce travail de conception
complètement inutile
à quoi bon m’épuiser à remodeler le monde
si les acteurs n’en font qu’à leur tête
et sabotent toute ta création ?
la réalité ne colle plus au décor
comment pouvait-il en être autrement ?
en réalité
le monde n’est pas
tel qu’il est perçu
mais l’amalgame des mondes
tels qu’on les perçoit
le vrai monde se trouve au milieu
entre les choses que l’on voit
il est situé là
dans la friction des choses
et la dynamique du jeu des acteurs
le vrai monde est ce lieu commun
où l’on se croise
à l’envers du décor